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Le Delta du Danube nous trottait dans la tête depuis quelques années déjà. Une expédition en Kayak était bien la seul manière de découvrir dignement ce territoire d'eau et de roseaux grand comme un département français et paradis des oiseaux. Et nos Nautiraid de reprendre du service, tout à l'autre bout de l'Europe, au bord de la mer Noire. | |
| La seule et vraie galère de ce raid commence sur le pavé de Paris : porter le matos en ahanant à travers les couloirs du RER, tricher sur les poids des bagages dans l'avion, et se prendre une amende, un départ bien laborieux. Paris. Bucharest. Après une nuit chaotique dans un train déglingué d'un autre âge, nous voici à pied d'œuvre sur les quai du Danube. Nous établissons notre camp de base dans le petit matin à la terrasse d'un bistrot, le dernier avant une semaine, car le Delta est aussi une sorte de semi-désert : moins de 15000 habitants pour plus de 5000 km², soit moins de 3 habitant/km² . Course, passage au DDBRA(1) ou nous sommes attendus et acceuillis à bras ouvert, et nous voilà en route. Attroupés sur le quai, les passant et las gamins, intrigués par nos embarcations, nous font leurs adieux. Il fait beau, le soleil brille, la vie est belle. |
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Nous quittons Tulcea entre 2 portes containers dans le soleil du soir, impatients de nous remettre à nos chères pagaies. Le courant pousse gentiment nos kayaks, et nous arrivons tranquillement à notre premier bivouac, en suivant d'abord le bras principal du Danube, puis par les premiers canaux du Delta : Mila 35 puis Canalul Sineara (Canalul ca veut dire Canal pour les non-polyglottes). Rencontre avec les premiers habitants du Delta : pêcheurs, paysans à mitié hermites cultivant de vagues lopins de terre, coincés entre les arbres et les roseaux, oiseaux de toutes sortes, grenouilles à grande bouche, et moustiques bien sur. | |
| Après cette première étape, nous fixons définitivement notre itinéraire. Trouver une carte un peu détaillé n'a pas été chose facile, même avec internet : la seule carte un peu près fiable ne s'achète que sur place. Finalement, nous décidons de rejoindre les deux bouts du Delta, Tulcea à l'entrée, et Sulina sur la mer Noire, en prenant les chemins de traverse. Au fil de la route nous nous apercevons que la carte est souvent interprétative : présence et morphologie des étangs parfois aléatoire, canaus inexistants, obstrué, ou devenu impraticable. Qu'importe! Si cela nous donne l'occasion de noius perdre parmi les nénuphars et les pélicans! Une fois sorti sur la mer Noire à Sulina, nous firnirons avec un grand bord de 35 km le long de la plage jusqu'à Sfantu Gheorge (Saint Georges, je traduits, merci qui?), village isolé du Delta au Sud. Pendant une semaine, dons, nous nous faufilons dans le dédale de canaux, marais, lacs et autres roselières. |
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Toujours poussés par un léger courant, glissant sans bruit sur l'eau plate, nous surprenons des hérons tout gris, des aigrettes toutes blanches, et autres martins-pêcheurs tout bleus. Confortablement installés sur des nénuphars au milieu des lacs, nous faisons la conversation avec milles et unes grenouilles nullement étonnées, tout en observant des troupeaux de Pélicans et de cormorants. Nous verrons même une loutre, quelques tortues, et de nombreux serpents d'eau, qui comme les poules devant les voitures, traversent précipitemment devant notre étrave. De temps en temps un pêcheur qui va relever ses nasses nous croise. Pas de mots superflus, mortequeue! Juste un fier hochement de tête, et la barque passe! Nous nous ravitaillons au village de Mila 23, sous l'œil amusé des gamins.Comme dans tous les villages du Delta, Mila 23 n'est accessible qu'en bateau, et les gens rendent visite à leur voisin en cheval, et vont dans leur jardin en barque! Seuls points noirs : nous sommes incapables d'attraper le moindre poisson, la moindre carpe, dans ces eaux pourtant hyper-poissonneuses, et surtout les moustiques qui infestent nos bivouacs passés 8 heures du soir. Rien n'y fait, ni nos feux, ni nos serpentins, ni nos moustiquaires, ils nous suivent même à bord et remplissent les saules d'un bruissement incessant. | |
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Encore quelques coups de pagaies et nous rejoignons le bras principal du Delta qui nous mène à Sulina. Sulina est une drôle de petite ville qui a eu son heure de gloire. Elle est maintenant plutot décatie et nous acostons entre barques traditionnelles, vieilles drageuses toutes rouillées, vedettes des gardes-côtes, et le yacht flambant neuf d'un touriste roulmain qui regarde de haut nos frêles embarcations. Une pause, une biêre, et ça repart. |
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| Ca y est , nous sortons sur la mer Noire dans le soleil couchant. La mer est bien Noire, le sable aussi. Première nuit sans moustiques, à l'extrémité orientale de l'Europe. Le lendemain, le vent, jusqu'à alors de secteur Sud, s'établit au Nord. Il va nous pousser jusqu'à Sfântu Gheorghe, à 35 km au sud. Guillaume et Beber sortent leur voile de traction, 3 m2, et démarrent vent dans le dos, plein pot. La mienne, plus grande, 7 m², est intenable, et nous partons avec la plus traditionelle voile en ciseau du Nautiraid. Avec un vent de force 3-4 bien établit. Très vite, et le petit clapot croisé à une houle venu du large nous fait partir au surf assez fréquemment. Il y a des moments où on se sent petit face à l'océan! G&B ont disparu au loin depuis longtemps, et nous les rejoignons au 1/3 du parcours au bout d'une heure et demie. Ils ont fait les 6 milles en une heure, impressionant ! Plutôt éprouvés, nous finissons par les canaux. G&B veulent continuer au cerf-volant et finissent à la baille ! Un surf trop rapide, un mauvais appui dans les vagues du départ ? Chacun de notre coté nous rejoignons Sfântu-Gheorghe à la pagaie, une paille ! Terme du voyage. Une brave babouchka nous acceuille dans sa Datcha et nous requinque au lait frais. Reste à trouver une barque, à moteur cette fois, pour rejoindre notre camp de base, à Tulcea… |
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(1) DDBRA : Danube Delta Biosphere Reserve Administration, l'administration du parc, Voir encart sur le Delta.
